Le mot contradiction a un sens logique. Une des premières règles de la raison, nous le savons depuis Aristote, est de repérer et d’éliminer les contradictions qui se posent dans nos connaissances et dans notre discours sur le monde. Depuis un siècle, ce jeu a montré ses limites : la complexité de notre monde actuel conduit à des situations où l’esprit hésite entre des visions de la réalité qui sont contradictoires ou incompatibles. La physique du XXe siècle a contribué à faire rebondir cette question. Une des conséquences de cette situation est de reconnaître que notre connaissance est nécessairement incomplète.
Le mot contradiction a un sens dans notre vie et pour notre action. Sans cesse, nous devons choisir entre des contraintes qui apparaissent contradictoires comme dans le cas du développement durable. Plus généralement, la pensée du XXe siècle dans le domaine de l’action a montré que l’on ne peut se soustraire à la mobilisation de catégories telles que « paradoxe », « contrariété », « contradiction ». Elle a montré comment la validité des visées, des propositions et assertions se cherche désormais dans les effets des actions (et non dans les dispositifs de la raison anticipatrice qui a montré ses limites).
Le projet de cet Atelier est né dans la réflexion de certains chercheurs et décideurs qui estiment que penser rationnellement la contradiction est possible et nécessaire, et souhaite organiser un lieu de débat sur le sujet. Comment l’évolution de la théorie de la connaissance éclaire-t-elle nos pratiques sur la question de la contradiction ? Peut-on confronter les exigences de la pensée théorique et les inévitables compromis pratiques ?
L’Atelier sera organisé autour de communications (communications orales, d’une durée de 30 minutes ; et éventuellement posters, présentés oralement en trois minutes), ainsi que des cafés - discussions. Les organisateurs seront ouverts à d’autres formes de présentation possible, en particulier dans le domaine artistique, en relation avec la forme même du thème des rencontres. Des liens avec des institutions artistiques (musées, compagnies de danse,…) sont à l’étude.
Nous examinerons comment les exemples fournis par la marche de nos décisions peuvent être formalisés de façon rigoureuse en termes de contradiction, comment notre pensée avance, comment notre action est fondée malgré ou grâce à ces contradictions. Les progrès de la pensée, l’émergence d’idées nouvelles, la création permise par l’ouverture aux contradictions nous paraissent source d’optimisme et de développement en science et société. Ne nous conduisent-ils pas à la fois à un renouveau de confiance en la raison et à un renoncement à sa toute puissance ? Ne doit-on pas alors organiser et susciter la contradiction, permettre la pluralité des points de vue, plutôt que les fuir ?
La langue du colloque sera le français. Des actes seront édités à partir des textes apportés lors de l’Atelier.
Le champ ouvert par le concept de contradiction est très vaste. Plutôt que des approches trop spécialisées, nous privilégierons les points de vue permettant des discussions transverses et faisant apparaître des structures abstraites communes, autour de quelques thèmes majeurs :